L'arthrose
Qu'est-ce que l'arthrose ?
L’arthrose est l’affection rhumatismale la plus répandue. C’est une maladie dégénérative du cartilage, associée à une atteinte du tissus osseux sous jacent.
Ce déséquilibre peut être provoqué par de multiples facteurs : génétiques, congénitaux, métaboliques ou traumatiques. Quand elle devient symptomatique, l’arthrose entraîne douleur et raideur articulaires, un éventuel épanchement articulaire avec des degrés variables d’inflammation locale.
Les principales caractéristiques de l'arthrose sont donc :
• Une atteinte mécanique et biologique
• L’articulation entière est touchée, pas seulement le cartilage
• Des modifications physiques de l’articulation
• Une clinique variable
• Une symptomatologie douloureuse
Toutes les articulations peuvent être touchées mais le plus fréquemment il s’agit du genou (gonarthrose), de la colonne vertébrale et de la hanche (coxarthrose) car ce sont celles qui subissent les plus importantes contraintes mécaniques.
Les principales formes d'arthrose
L’arthrose est le rhumatisme le plus courant. Elle est classée au deuxième rang des pathologies chroniques, seulement précédée par les maladies cardiovasculaires.
L’arthrose affecte environ 17 % de la population en France et le nombre de personnes qui en souffre est évalué entre 9 et 10 millions. Elle peut induire un handicap important, notamment lorsqu’elle est localisée au genou ou à la hanche.
A 55 ans, 5% des sujets ont une gonarthrose et 75% ont une arthrose vertébrale. Les retentissements en terme de douleurs, d’incapacités fonctionnelles et de qualité de vie ont un impact important sur le quotidien des personnes atteintes.
Il est intéressant de noter qu’avant 55 ans les hommes sont plus touchés que les femmes, puis la courbe s’inverse du fait des modifications physiologiques consécutives à la ménopause.
Répartition clinique des principales formes d’arthroses
L'arthrose des membres supérieurs
L’arthrose des membres supérieurs est rare, elle concerne très majoritairement les doigts.
Chez 10% de la population de 40 à 50 ans on observe des lésions radiologiques digitales. La prévalence augmente significativement avec l’âge puisque chez les plus de 70 ans, 90% des femmes et 80% des hommes sont touchés.
L’atteinte entre les phalanges distales est la forme la plus fréquente, où l’on y retrouve une déformation sur le côté des doigts. La femme est la principale touchée et on dénote un terrain familial et héréditaire.
L’autre principale forme touchant les doigts est la rhizarthrose, elle est souvent bilatérale et favorisée par des microtraumatismes répétés ou par un vice de la statique du premier métacarpien. Elle touche surtout les femmes (80 à 90 % des cas). A long terme, la rhizarthrose peut limiter l’utilisation de la main et devenir inesthétique entraînant une déformation avec le pouce en dedans.
L’arthrose du coude et du poignet est exceptionnelle.
Au niveau de l’épaule, elle est généralement liée à une hyper utilisation ou à des traumatismes.
L'arthrose des membres inférieurs
L’arthrose des membres inférieurs est une affection fréquente. Ses principales cibles sont le genou (gonarthrose) et la hanche (coxarthrose).
La gonarthrose est la première cause d’incapacité fonctionnelle chronique dans les pays développés. Il s’agit de l’articulation la plus fréquemment atteinte.
La coxarthrose est favorisée dans plus de 50% des cas par une anomalie, notamment un vice architectural de la hanche.
L'arthrose de la colonne vertébrale
Le rachis est, avec le genou, la zone la plus fréquemment touchée par l’arthrose. Elle n’en est cependant pas la plus invalidante.
D’après une étude anglaise réalisée sur une population de patients âgés de plus de 50 ans, 84% des hommes présentaient des lésions arthrosiques radiologiques rachidiennes et 74% des femmes présentaient les mêmes signes. La symptomatologie est plus prononcée en cas d’atteinte lombaire.
L’effet de l’arthrose sur les articulations
Les principaux types d’arthrose
Coxarthrose
C’est l’une des causes les plus fréquentes d’incapacité et de douleur chez les plus de 55 ans. Elle touche l’articulation coxo-fémorale. Il s’agit d’une usure des cartilages au niveau de la hanche. L’arthrose de hanche se traduit par un pincement entre la tête du fémur et le cotyle (cavité articulaire de l’os iliaque).
La coxarthrose est retrouvée le plus souvent chez des individus obèses ou ayant subis des microtraumatismes répétés (tels que les sportifs). Ces deux causes provoquent un excès de pression au niveau de l’articulation.
De même, la présence de troubles de l’architecture de l’articulation peut aboutir à une répartition anormale des forces sur le tissu cartilagineux, ce qui favorise la survenue d’une arthrose précoce.
Les lésions qui affectent les différents tissus lors de la coxarthrose sont :
• La fragilisation du cartilage par des fissures qui s’étendent de la surface vers la profondeur.
• L’hyper remodelage de l’os sous-chondral amenant la présences de géodes.
• L’inflammation de la membrane synoviale qui devient fortement vascularisée.
Gonarthrose
C’est l’arthrose la plus fréquente des membres inférieurs qui est un véritable problème de santé publique. Le vieillissement des populations et l’élévation moyenne de l’IMC (Indice de Masse Corporelle) dans les pays industrialisés augmentent le risque d’apparition de gonarthroses. Cette pathologie touche 1,3 million de personnes.
Elle est souvent assimilée, et à tort, à un signe précoce de vieillissement évoluant inexorablement vers une limitation des activités et donc un handicap fonctionnel provoquant une perte d’indépendance.
L’arthrose digitale
C’est la localisation la plus fréquente de l’arthrose. Elle semble prédictive de la survenue d’arthrose au niveau des membres inférieurs et s’intègre dans un processus d’arthrose diffuse.
L’atteinte est invalidante et les douleurs provoquent une gêne fonctionnelle pouvant être handicapante dans la vie quotidienne. C’est une pathologie qui peut être difficile à accepter pour les personnes qui sont actives, et les conséquences sur la qualité de vie sont souvent sous-estimées. Les femmes sont beaucoup plus touchées et il y a un facteur héréditaire.
L’arthrose vertébrale
Elle peut toucher les différentes divisions de la colonne vertébrale. On peut la retrouver que ce soit au niveau cervical, thoracique ou lombaire.
La cervicarthrose :
Elle est très souvent asymptomatique. C’est la première cause de cervicalgies.
L’évolution se fait vers la chronicité, les sensations douloureuses peuvent être accentuées par les mouvements du rachis cervical dont l’amplitude est réduite.
En ce qui concerne les traitements, ils diffèrent en fonction de la localisation de l’atteinte et de l’importance de la gêne, ils peuvent aller d’un simple traitement médicamenteux (antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens) à l’arthrodèse (fusion de plusieurs vertèbres).
L’arthrose dorsale (thoracique) :
Elle est rare sauf au niveau de la jonction thocaco-lombaire.
Les vertèbres thoraciques s’articulent avec la sus- et la sous-jacente en 3 points : les facettes articulaires postérieures, le disque intervertébral en avant, les articulations costo-vertébrales en arrière. L’atteinte d’une de ces zones conduit à de l’arthrose. C’est la dernière vertèbre thoracique qui est la plus susceptible d’être touchée car c’est celle ayant la plus grande mobilité (les autres étant stabilisées par l’articulation avec les côtes) et donc le plus de sollicitations.
L’arthrose lombaire :
Elle est fréquente et symptomatique.
Elle correspond à une lésion dégénérative du rachis.
Elle est très fréquente du fait des sollicitations mécaniques endurées par cette partie du rachis, et peut être aggravée par une surcharge pondérale.
La clinique est variable et la lombarthrose peut se révéler asymptomatique.
L’arthrose vertébrale peut toucher les cervicales comme les lombaires
Les facteurs de risque de survenue de l'arthrose
La survenue de l’arthrose peut être reliée à de nombreuses causes. Selon l’articulation touchée et le type d’atteinte, les causes d’apparition vont varier.
L'âge
La fréquence augmente avec l’âge. C’est un facteur important dans la survenue de l’arthrose. La matrice cartilagineuse subit l’usure du temps, la réponse aux facteurs de croissance s’altère, l’hydratation du cartilage devient moins importante ce qui réduit son impact dans la lubrification et dans le maintien de la rigidité de la structure. Le liquide synovial devient plus visqueux, la minéralisation de l’os sous-chondral est réduite et son remodelage amène la formation d’ostéophytes et de géodes.
Activité professionnelle
Les professions qui sollicitent fréquemment les articulations ont tendance à augmenter la fréquence de l’arthrose du fait des contraintes que l’on fait subir au squelette. Ainsi toutes les professions nécessitant de la manutention ont tendance à fragiliser les articulations. Le fait de répéter de manière courante les mêmes gestes peut aussi participer au développement de l’arthrose au niveau de l’articulation concernée (agriculteurs, ouvriers).
Sexe
Jusqu’à 55 ans, c’est l’homme qui apparait comme le plus touché par l’arthrose. Une fois cet âge atteint la courbe s’inverse, du fait des modifications physiologiques subies par la femme. Les femmes semblent plus touchées notamment en ce qui concerne les genoux et les mains.
Obésité
Le fait d’être en surcharge pondérale rajoute des contraintes physiques et mécaniques sur le squelette ce qui a tendance à provoquer plus facilement de l’arthrose, en particulier au niveau des genoux qui sont des articulations portantes. Une surpression désorganise la matrice ou aggrave des lésions déjà existantes. Sans perte de poids, la maladie évolue de plus en plus rapidement jusqu’à entrainer un handicap empêchant le patient de se mouvoir.
Génétique
Il a été prouvé que le facteur héréditaire entrait en jeu pour certaines localisations de l’arthrose. Au niveau digital on connait la localisation de l’anomalie génétique sur le chromosome en cause, il en est de même pour certaines formes de coxarthrose familiale.
Hormonal
Les modifications hormonales chez la femme ménopausée augmentent le risque de développer de l’arthrose. En effet, une diminution de la concentration plasmatique en oestrogènes provoque une baisse de la synthèse des facteurs de croissance par les chondrocytes. La testostérone et les hormones thyroïdiennes peuvent aussi impacter l’activité de ces cellules, la stimulation de leurs récepteurs provoque une augmentation de la synthèse des facteurs de croissance chondrocytaires.
Traumatisme
Chaque traumatisme subi par une articulation augmente les possibilités de survenue d’arthrose. Que ce soit des microtraumatismes, des fractures, des luxations, l’environnement articulaire est modifié et les lésions laisseront tôt ou tard apparaitre de l’arthrose.
Sport
Certains sports sont plus à risque que d’autres et en particulier ceux qui sollicitent les articulations en excès. Le football et le rugby augmentent le risque de gonarthrose, le tennis sollicite énormément hanches, genoux, poignets et mains. Les sports de combat augmentent le risque de traumatismes. Le vélo, la natation et la marche sont conseillés chez les patients souffrant d’arthrose (hors poussées).
Anomalies architecturales
Des anomalies congénitales de l’environnement articulaire, telles une dysplasie ou une subluxation peuvent causer une arthrose secondaire, comme ça peut être le cas dans la coxarthrose.
Les signes cliniques de l'arthrose
Coxarthrose
Les principaux signes fonctionnels d’une arthrose de hanche se manifestent par la douleur, qui est le symptôme le plus marquant, le plus évocateur d’une pathologie de l’articulation coxo-fémorale et qui siège au pli de l’aine. Elle peut irradier au niveau de la face antérieure de la cuisse, en regard du muscle « grand trochanter » ou au niveau de la fesse. Elle est d’horaire mécanique, augmentée par l’effort et calmée par le repos. Elle ne réveille pas la nuit (sauf changement de position ou poussée douloureuse). Malgré la possibilité de raideurs matinales, la douleur s’atténue après un bref dérouillage (moins de 15 minutes).
Gonarthrose
La douleur est le principal signe de consultation, c’est le maître-symptôme mais son intensité n’est pas en lien direct avec la sévérité de l’atteinte (observée par cliché radiographique). Elle est diffuse dans le genou mais est plus souvent localisée dans le partie médiale. Elle évolue selon un rythme mécanique. La raideur qui apparait est secondaire à la douleur et limite les capacités fonctionnelles. On peut dénoter des troubles de la statique (genou valgum, genou varum). Des dérobements peuvent aussi apparaitre et sont le signe d’une laxité ligamentaire ou d’un épanchement.
L’arthrose digitale
En ce qui concerne la rhizarthrose, les manifestations cliniques concernent surtout la douleur. Elle est elle aussi d’horaire mécanique et se signale par poussées, en alternance avec des périodes de rémission.
Les douleurs sont localisées à la racine du pouce et à la partie externe du poignet. En période de crise, le patient souffre lors de la mobilisation et l’articulation est hypertrophiée avec possibilité d’épanchement.
Ce sont la douleur et le handicap fonctionnel qui permettent de poser les bases du traitement.
Pour l’arthrose interphalangienne, les douleurs sont modérées, lancinantes au niveau de la partie dorsale des articulations et apparaissent quand celles-ci sont mobilisées. Le développement se fait à bas bruit. Elle se signale par poussées mais peut évoluer vers la chronicité. Un engourdissement de l’extrémité des doigts peut apparaitre. Au niveau physique on remarque l’apparition de nodules qui provoquent une déformation latérale. Des gonflements au niveau de l’articulation sont aussi remarqués.
L’arthrose vertébrale
En ce qui concerne la cervicarthrose, la douleur se signale lors de mouvements au niveau du cou, elle peut irradier au niveau des membres supérieurs. Il y a présence de courbatures au niveau cervico-scapulaire avec une association possible de céphalées et de douleurs orbitaires.
Lors d’une arthrose dorsale, il faut évaluer la statique rachidienne, la mobilité et les conditions de survenue de la douleur. C’est une pathologie rare touchant essentiellement la dernière vertèbre thoracique car elle a une plus grande mobilité. Le diagnostic radiographique est sans corrélation radioclinique.
Les signes cliniques de la lombarthrose sont une lombalgie chronique avec des douleurs irradiant dans les fesses, une posture courbée, des contractures musculaires. La douleur se manifeste surtout dans la journée et est aggravée par l’effort.
On peut résumer en disant que les principaux signes de l’arthrose sont :
• Des douleurs touchant les articulations qui apparaissent lors de mouvements et dont l’intensité augmente au cours de la journée
• Les épisodes inflammatoires qui sont transitoires mais représentatifs des crises. Pendant ces périodes, l’articulation apparaitra rouge, gonflée et plus douloureuse
• Des déformations
• Des crissements liés au frottement articulaire
• Des raideurs musculaires
• Une perte d’amplitude des mouvements.
Il est aussi important de souligner que les conditions climatiques ont un impact sur l’arthrose. Le froid et l’humidité peuvent déclencher des poussées douloureuses. Souvent, ces douleurs sont prédictives d’un changement météorologique.
Origine de la douleur liée à l'arthrose
Au sein d’une articulation arthrosique, le cartilage n’est pas responsable de la douleur car il n’est ni vascularisé ni innervé. La perception douloureuse est liée à la présence de structures sensorielles dans l’environnement articulaire qui ont pour rôle de transmettre le signal douloureux. La membrane synoviale reçoit des débris de cartilage dégradé ce qui provoque une inflammation : la synovite. La douleur est alors véhiculée par les fibres myélinisées. L’os sous-chondral, quand il n’est plus protégé par le cartilage, transmet lui aussi la douleur.
Les douleurs ne sont pas censées venir du cartilage car il n’est pas innervé. Mais une fois lésé, des terminaisons nerveuses apparaissent au sein du cartilage et vont ainsi, au travers de neurones, faire remonter le signal douloureux jusqu’au cerveau.
La prise en charge de l'arthrose
Dans des pathologies chroniques comme l’arthrose, il est important de mettre en place des traitements (médicamenteux ou non) adaptés au stade de la maladie.
Il est primordial de fixer des objectifs au patient afin qu’il puisse gérer son atteinte de la meilleure des façons possibles. Une bonne hygiène de vie permet de diminuer le retentissement de l’arthrose sur la vie quotidienne.
Les objectifs de prise en charge consistent à :
• Soulager la douleur,
• Améliorer l’incapacité fonctionnelle,
• Restaurer l’amplitude du mouvement articulaire,
• Adapter ses habitudes de vie,
• Ralentir la destruction du cartilage
Il est important que toutes les personnes atteintes d’arthrose appliquent les règles hygiéno-diététiques et les mesures visant à améliorer leur quotidien grâce à une meilleure gestion de la pathologie.
Les patients qui présentent des symptômes doivent être traités. La prise en charge mise en place dépendra alors de l’intensité de la gêne ressentie et de l’invalidité qui en découle.