La vitamine D
Identifiée au début du 20ème siècle grâce aux travaux sur un lien supposé entre rachitisme et exposition solaire, la vitamine D est désormais connue et étudiée pour son rôle majeur dans l’homéostasie phospho-calcique qui contribue au développement et au maintien de la minéralisation osseuse.
Depuis quelques années, les études sur sa structure et celle de son récepteur, ses mécanismes et son champ d’action tendent à prouver que la vitamine D a de nombreuses actions extra-osseuses, lui conférant ainsi un rôle important dans des pathologies aussi variées que les cancers ou certaines pathologies auto-immunes.
Indispensable à la santé osseuse, dentaire, musculaire, au système immunitaire, au maintien du moral ou encore à la division cellulaire, la vitamine D apparaît ainsi de plus en plus comme un des principaux facteurs pouvant limiter le risque de survenue de certaines pathologies. Or les déficiences en vitamine D repérées actuellement dans la population sont loin d’être rares. En effet, selon une étude de Santé Publique France (Etude ESTEBAN), 75% des adultes ayant participé à l'étude présentaient un déficit ou une insuffisance en vitamine D.
Les formes de Vitamine D
Il existe 2 formes de vitamine D (calciférol) :
- la vitamine D2 (ergocalciférol) dérivant d’un stérol végétal nommé ergostérol.
- la vitamine D3 (cholécalciférol), synthétisée au niveau de la peau après exposition solaire ou apportée par voie orale (alimentation, médicaments ou supplémentation).
Les vitamines D2 et D3 ont des activités similaires chez l’homme et sont ainsi regroupées sous le terme de vitamine D.
Les sources de Vitamine D
La vitamine D de notre organisme provient pour les deux tiers d’une synthèse endogène et pour un tiers d’un apport exogène. Donc, contrairement aux autres vitamines, la source majeure de vitamine D n’est pas alimentaire.
En France, il a été constaté que l’alimentation n'apporte que de 2 à 4 μg/jour de vitamine D, soit 80 à 160 UI/jour. Or, les besoins d’un adulte sont, à ce jour, estimés en moyenne à 10 μg/jour, soit 400 UI/jour. Chez les nourrissons, les personnes âgées ainsi que les femmes enceintes et allaitantes, ces besoins peuvent atteindre 25 µg/jour, soit 1000 UI/jour.
La plupart des aliments sont pauvres en vitamine D. Les sources alimentaires principales sont les poissons gras et, à un moindre degré, certaines viandes dont le foie d'animaux d'élevage, le beurre et les oeufs, c’est pourquoi une supplémentation en vitamine D est quasi indispensable aussi bien en prévention qu’en protection.
Synthèse de la Vitamine D
La vitamine D est synthétisée dans les couches profondes de l’épiderme. La provitamine D s’accumule dans la peau et subit une réaction de photolyse sous l’action des rayonnements solaires Ultra-Violets, qui produit de la prévitamine D. Cette dernière s’isomérise spontanément en vitamine D3 qui rejoint la circulation sanguine. Après une exposition aux rayonnements UV, le pic sérique (concentration dans le sérum sanguin) de vitamine D3 est atteint en 24 à 48 heures, puis les concentrations déclinent de façon exponentielle jusqu’à 72 heures. Elle peut cependant être stockée pour une utilisation ultérieure dans le tissu adipeux.
En situation d’exposition intense au soleil, l’excès de prévitamine D et de vitamine D3 formées est transformé en produits inactifs. Ainsi il n’y a pas d’intoxication à la vitamine D suite à une exposition intense ou prolongée au soleil.
Rôle physiologique de la Vitamine D
Dans l’organisme, la forme active de la vitamine D se lie à un récepteur nucléaire, le VDR (Récepteur de la Vitamine D) puis l'ensemble se fixe sur une portion de l'ADN nucléaire entraînant la régulation de l’expression de divers gènes. Le Récepteur de la Vitamine D est présent dans plus de trente tissus chez l’homme dont les kératinocytes, les fibroblastes, les cellules β du pancréas, les cellules endothéliales, les neurones, les lymphocytes T de la peau, les cellules du système immunitaire cutané, etc. La vitamine D serait donc capable d’agir de façon très rapide sur ces tissus cibles.
Des études récentes ont suggéré qu’une supplémentation régulière en vitamine D diminuerait la mortalité. C’est pourquoi de nombreuses équipes s’intéressent, depuis maintenant plusieurs années, aux autres rôles de la vitamine D.
La vitamine D intervient dans l’immunité, de par ses effets immunomodulateurs. Ceci pourrait ouvrir la voie à de nouvelles thérapeutiques pour certaines maladies auto-immunes et pour les rejets de greffes.
La vitamine D intervient également dans la différenciation et la prolifération cellulaire des kératinocytes (utile pour le traitement du psoriasis) mais aussi de certaines lignées tumorales exprimant le VDR. Elle est en lien également avec la neuro-protection, le contrôle de la sécrétion d’insuline, le contrôle du système rénine/angiotensine, etc.
Il a été rapporté une corrélation entre la vitamine D et une diminution de la mortalité cardiovasculaire, du risque de cancer (sein, côlon, prostate), de diabète de type 2, d’asthme, d’allergie et de douleurs musculosquelettiques, etc.
Ainsi, la vitamine D, en plus de son rôle fondamental dans l’homéostasie phosphocalcique, a des actions multiples qui sont peu à peu découvertes sur des tissus-cibles pourtant éloignés de son site de production ou d’absorption.
La Supplémentation en vitamine D
La supplémentation en vitamine D reste une mesure simple et efficace, peu onéreuse et sans danger. Le maintien d’un bon statut vitaminique D offre de multiples bénéfices en favorisant, entre autres, la santé osseuse et neuromusculaire, le bon fonctionnement du système immunitaire, et en étant associé à une amélioration du pronostic dans certains cancers(1).
Vu qu’environ la moitié de la population générale française présente un déficit en vitamine D(2), il est recommandé une supplémentation en vitamine D (sous sa forme D3) tout au long de l’année chez les personnes à risque (personnes de plus de 80 ans, malades, immuno-déprimées, fragiles, dépendantes, obèses, vivant en EHPAD), et en population générale pendant la période hivernale(3).
(1) Bouillon R, Marcocci C, Carmeliet G, et al. Skeletal and extraskeletal actions of vitamin D: current evidence and outstanding questions. Endocr Rev 2019;40:1109-51. (2) Vernay M, Sponga M, Salanave B, et al. Statut en vitamine D de la population adulte en France : l’Étude nationale nutrition santé (ENNS, 2006-2007). Bull Epidemiol Hebd 2012;16-7:189-94. (3) Rastogi A, Bhansali A, Khare N, et al. Short term, high-dose vitamin D supplementation for COVID-19 disease: a randomised, placebo-controlled, study (SHADE study). Postgrad Med J 2020. doi: 10.1136/postgradmedj-2020-139065.